Récente Ville d’art et d’histoire, label 2012, Beauvais s’inscrit résolument dans le troisième millénaire.
Elle fait dialoguer son architecture médiévale avec la création contemporaine, que ce soit au pied de la cathédrale où à la maladrerie Saint-Lazare. Le spectacle de lumière conçu par Skertzù sur la façade sud de la cathédrale Saint-Pierre s’enrichit en 2013 d’une nouvelle programmation sur le bâtiment de la Galerie nationale de la tapisserie, qui accueillira l’an prochain le CIAP. La mise en scène de Skertz ne se limite pas à la projection d’images animées sur un écran blanc mais illustre une démarche dramaturgique et poétique. La « cathédrale infinie » transcende la longue histoire de l’édifice inachevé et ses multiples avatars. À travers la musique et des transcriptions numériques, il est fait référence aux principaux monuments de la ville, à son tissu urbain et son perpétuel renouveau.
Projeté sur le portail sud de la cathédrale Saint-Pierre récemment restaurée, empreint de merveilleux et de rêves, le spectacle réinvente les détails oubliés du portail et de ses personnages (anges, prophètes ou Beauvaisiens) qui ont déserté leurs niches au cours des soubresauts de l’histoire. Il réenchante le chantier du XIIIe siècle et ses tailleurs de pierre. Tous les registres, de l’architecture à la sculpture, en passant par la tapisserie ou le vitrail, sont évoqués. Le spectacle dynamique emprunte à la fois au répertoire classique et au destin contemporain.
Le paysage urbain du quartier épiscopal est marqué par le gigantisme de la cathédrale qui n’en finit pas de s’élever et, sur son flanc est, par la Galerie nationale de la tapisserie, longue construction en béton émaillé qui s’étire. Ici, verticale et horizontale s’accordent. C’est un fil continu qui relie ces deux édifices, tous deux ancrés dans le territoire, tous deux résistant aux vents de l’histoire, l’un arc-bouté, l’autre allongé. Les façades étirées de la galerie, contrepoint de la cathédrale infinie, tissent les fils de cartes qui racontent des mondes.
En écho à cette synergie, sur l’espace de l’ancien théâtre, à proximité de l’église Saint-Étienne, l’équipe Moreau Kusunoki architectes, auteurs du FRAC PACA, entreprendra au printemps prochain la réalisation de la nouvelle salle de spectacle : trois volumes blancs aux lignes épurées. L’équipement comprend dans un grand jardin une salle de huit cents places et une autre de deux cent cinquante places, ainsi qu’un restaurant, un bar et une librairie. Au cœur du projet « Nouveau cœur de ville, nouveau cœur de vie », cette nouvelle scène nationale participe pleinement à la revitalisation du centre-ville comme la reconstruction du pont de Paris et la création du pôle commercial du Jeu-de-Paume, éléments phares du projet.
Propos recueillis auprès de Caroline CAYEUX, maire de Beauvais